Une agriculture raisonnée et de nouvelles pratiques agricoles

Saviez-vous que les producteurs de banane pratiquent une agriculture raisonnée et développent des pratiques agricoles alternatives pour préserver la santé, l’environnement et la biodiversité ?

Des pratiques agricoles raisonnées, respecteuses des hommes et de l’environnement

Les bananes commercialisées en France proviennent de 3 grandes origines : Antilles françaises, Afrique et Amérique latine. La banane est en effet cultivée dans des régions tropicales : chaleur et eau sont indispensables à la croissance du bananier et au bon développement de ses fruits. Mais ces conditions climatiques sont également propices aux ravageurs et maladies. Champignons, charançons, nématodes ou encore adventices (mauvaises herbes) : les producteurs de banane doivent composer avec de nombreux ennemis qui menacent les récoltes.
Leur savoir-faire consiste à mettre en œuvre une bonne conduite agronomique, adaptée à la zone de production, avec un double enjeu : protéger les plants contre les ravageurs et les intempéries, tout en limitant l’impact environnemental de la production.

La diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires fait partie des grands chantiers mis en œuvre au niveau mondial par la filière banane.

Conscientes des enjeux environnementaux et sociétaux, les entreprises qui commercialisent les bananes en France (producteurs, importateurs, metteurs en marché) sont engagées dans des méthodes de production raisonnées et respectueuses de l’environnement, de la biodiversité, et également des travailleurs. Elles travaillent toutes dans le cadre de certifications en production (GLOBALG.A.P., Fairtrade, Rainforest, SCS Sustainably Grown, entre autres) qui garantissent à la fois de bonnes pratiques agricoles, une gestion efficace des ressources, et le respect de normes sociales.
Aux Antilles, en plus de la certification GLOBALG.A.P., les Plans Banane Durable adoptés en 2008 puis en 2014 engagent pleinement la filière banane pour une agriculture durable.

Des pratiques innovantes pour une meilleure préservation de l’environnement

Les entreprises travaillent également au développement de nouveaux modes de production agro-écologiques. De nombreuses innovations ont vu le jour, visant à limiter au maximum le recours aux produits phytosanitaires, dans un objectif constant de préservation de l’environnement.
C’est le cas par exemple, du Plan Banane Durable aux Antilles, du projet Banane Agro-écologique pour l’Afrique (B2A) dans plusieurs pays africains, ou du programme du label « SCS – Agriculture durable » au Costa Rica et au Guatemala.

Exemples de pratiques innovantes

Plantes de couverture

Mises en place dans les bananeraies, les plantes de couverture apportent de multiples bénéfices : lutte contre les adventices (mauvaises herbes qui concurrencent les bananiers en eau et nutriments), lutte contre les parasites, amélioration de la biodiversité des sols, amélioration de la fixation de l’eau dans le sol, lutte contre l’érosion des sols…

Pièges à phéromones

Ces pièges sont utilisés pour lutter contre le charançon du bananier. Installés à distance rapprochée dans les bananeraies, ils attirent les insectes nuisibles et permettent de réduire les traitements insecticides. Ils ont de fait un effet très positif sur la biodiversité (insectes, oiseaux, batraciens).

Prophylaxie par effeuillage

L’effeuillage permet de lutter contre la cercosporiose noire, la maladie la plus courante du bananier due à un champignon. La prophylaxie consiste en une surveillance étroite des cultures, avec une intervention rapide pour limiter la propagation du champignon. Pour la cercosporiose, il s’agit de repérer les feuilles malades dès l’apparition des symptômes, et de les couper.

Jachères assainissantes et vitroplants

Quand la pression parasitaire devient trop importante dans une parcelle (en particulier charançons et nématodes, qui s’attaquent au pseudo-tronc du bananier), celle-ci est mise en jachère (au repos), le temps que les parasites meurent. Au moment de replanter, les producteurs utilisent des vitroplants, indemnes de tout parasite (les vitroplants sont obtenus en laboratoire par culture in vitro de tissus isolés, à partir d’un plant-mère choisi en fonction de ses qualités).

L’agriculture de précision, pour une conduite agronomique au plus près des besoins des plantes

Les traitements, qui restent parfois indispensables pour protéger les cultures lorsque la pression parasitaire est trop élevée, sont extrêmement raisonnés. Les producteurs n’y ont recours que lorsqu’ils sont strictement nécessaires : il n’existe pas de traitement « de confort », pour des raisons à la fois environnementales et économiques. Interventions raisonnées, donc, mais également applications raisonnées.

Aujourd’hui, les plantations sont de plus en plus suivies de façon très fine, grâce au développement de l’agriculture de précision. Des niveaux d’alerte sont déterminés selon des modèles mathématiques, en fonction des pays, des régions, des plantations. Ils tiennent compte de la pression parasitaire de la parcelle et des conditions météo présentes et à venir (humidité, évapotranspiration…). Les traitements ne sont réalisés que lorsque ces niveaux d’alerte sont atteints, et sont mesurés.

L’agriculture de précision est également de plus en plus utilisée pour une fertilisation raisonnée des bananiers : en mesurant régulièrement des indicateurs tels que la qualité des sols ou le taux de chlorophylle des feuilles, les producteurs peuvent compléter les apports au plus près des besoins de la plante, et limiter ainsi les intrants au strict nécessaire. Certains pays comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire expérimentent un suivi individuel des bananiers grâce à un système de puçage permettant d’ajuster très précisément l’arrosage, la fertilisation ou les traitements.

Le saviez-vous ?

Les nouvelles pratiques agricoles plus vertueuses mises en œuvre dans les bananeraies se traduisent par une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Elles s’accompagnent également de l’apparition de nouveaux métiers au sein des plantations : la surveillance accrue des ennemis des plantes (comptage des insectes, observation au champ…) et le recours à des techniques innovantes nécessitent des équipes dédiées et formées à ces nouvelles techniques.

Des productions encadrées et contrôlées

Offrir une banane saine, produite dans le respect des normes sociales et environnementales, est une priorité pour les professionnels de la filière banane. Quelle que soit leur origine, les productions destinées au marché français sont strictement encadrées par des systèmes de certification mondiaux de premier plan. Pour être commercialisées sur le marché français, les bananes doivent de plus répondre aux exigences des réglementations européenne et française en matière d’hygiène, de traçabilité et de sécurité alimentaire. Les contrôles, effectués à la fois par les pouvoirs publics et par les entreprises à chaque stade de la filière, permettent de garantir aux consommateurs que les fruits qu’ils achètent sont sains et de qualité.

Zoom sur la culture biologique en banane

Les bananeraies conduites en agriculture biologique sont essentiellement implantées dans des zones sèches, car moins propices au développement de champignons, en particulier la cercosporiose noire qui s’attaque aux feuilles du bananier.

Les produits phytosanitaires de synthèse étant interdits en agriculture biologique, les producteurs de banane bio adoptent un itinéraire cultural adapté, avec des techniques alternatives : désherbage manuel ou paillage pour lutter contre les mauvaises herbes, application d’huile minérale sur les feuilles pour les protéger des champignons… Certaines techniques sont d’ailleurs utilisées également en agriculture dite conventionnelle, comme la substitution d’une partie de la fumure minérale par une fumure organique.

La gestion des ressources et des déchets

La ressource eau

La banane est une culture gourmande en eau. Afin de préserver au maximum cette ressource, la majorité de la production est située dans des zones avec une pluviométrie importante, ou bien avec des ressources en eau importantes à proximité (grands fleuves en Afrique par exemple). Dans les stations de conditionnement, les eaux de rejet sont systématiquement contrôlées en aval, de nombreuses stations sont même équipées de système de dépollution des eaux.

La gestion des plastiques

En plantation, des gaines en plastique sont installées autour des régimes. Elles ont une double utilité : protéger les régimes de bananes des insectes nuisibles, et créer un effet de serre autour du régime de banane pour faire grossir les fruits. Il s’agit de gaines avec des caractéristiques techniques très précises (porosité notamment), pour lesquelles il n’existe pas aujourd’hui de solutions alternatives de plastique recyclé ou biodégradable. Ces gaines restent au champ pendant 3 mois, puis elles sont collectées, stockées, reconditionnées et recyclées pour un autre usage plastique. Néanmoins, les filières banane recherchent des alternatives à l’utilisation du plastique dans les champs.

Le recyclage de la biomasse

La banane est une des cultures qui laissent le plus de matière organique au champ, une fois la récolte effectuée. En effet, une fois le régime de banane récolté, la partie haute du « tronc » du bananier est coupée et laissée sur place. Le reste du « tronc » tombe lui aussi après quelques semaines. Cette matière végétale constitue un apport important de matière organique pour l’enrichissement du sol. En analysant son sol, le producteur identifiera ensuite les éventuels amendements à apporter pour répondre aux besoins des futurs bananiers, mais la matière organique laissée sur place constitue déjà une véritable réserve d’eau et de nutriments. A titre d’exemple, en considérant qu’un hectare de bananeraie accueille 1.800 bananiers récoltés tous les 9 mois, cela représente 2.400 bananiers par hectare intégrés chaque année dans le sol des bananeraies !

Le chlordécone interdit depuis 1993

Le chlordécone est un insecticide qui fut utilisé par de nombreuses productions maraîchères dans le monde. Ce fut le cas aux Antilles jusqu’en 1993 pour lutter contre le charançon, un insecte qui s’attaque au bulbe du bananier.
La pollution au chlordécone prend une importance particulière aux Antilles en raison de la persistance de la molécule dans le sol antillais. En effet, ce dernier (volcanique et granitique) fixe le chlordécone plus durablement que les sols profonds et filtrants d’autres pays utilisateurs (France continentale, Allemagne ou Pologne). Les producteurs de bananes ont utilisé le chlordécone dans l’ignorance de sa dangerosité jusqu’en 1993.

La filière antillaise, consciente de sa responsabilité environnementale, a réduit de 75 % l’usage des pesticides. Après 20 ans de bonnes pratiques agricoles (rotation des cultures, jachère, lutte biologique…), les bananeraies antillaises constituent aujourd’hui un refuge pour de nombreuses espèces. On dénombre jusqu’à 200 lombrics au m², plus de 200 espèces d’insectes (Etude Cihence 2015). Désormais, ce sont des prédateurs naturels qui contrôlent les ravageurs du bananier et protègent les cultures.
Les bananes des Antilles ne contiennent aucun résidu de chlordécone, ni dans la pulpe ni dans la peau.

Le World Banana Forum, pour une filière durable de la banane à l’échelle mondiale.

Le World Banana Forum, ou Forum Mondial de la Banane, est un espace d’échanges entre les principales parties prenantes du secteur de la banane, au niveau mondial. Animé par la FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ce Forum a pour objectif de trouver un consensus à l’échelle mondiale quant aux bonnes pratiques pour une production et un commerce durables de la banane. Les travaux du WBF sont structurés autour de 3 groupes de travail principaux, dont l’un concerne les systèmes de production durable et l’impact environnemental. Ce groupe contribue à une meilleure compréhension des principales questions liées à la production durable de bananes et encourage les bonnes pratiques pour améliorer la viabilité environnementale.

Pour en savoir plus

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